Souilem: Les rumeurs influencent beaucoup économie et finances
Mohamed Souilem, ancien directeur général des politiques monétaires à la Banque centrale de Tunisie, était, ce mercredi 26 avril 2023, l’invité de Midi Show.
L’ancien responsable a expliqué que la loi de change est très importante dans toute économie, car chaque produit est influencé par plusieurs variables.
«J’ai vu sur les réseaux sociaux que le cours de l’euro par rapport au dinar était de 3,47 dinars, or le site officiel de la Banque centrale de Tunisie affiche 3,35. Les rumeurs influencent beaucoup les économies et la loi de changes est régie par des règles bien déterminées. Ce qui la fixe, en fait, ce sont les fondamentaux économiques. Or, en Tunisie nous sommes touchés par un déficit de la balance commerciale", a-t-il dit .
Et de préciser que cela impose une forte demande en devises. "Il y a aussi l’inflation que la Banque centrale essaie de garder en baisse, le taux directeur et, surtout, la psychologie du marché", a-t-il ajouté.
Selon Souilem, pour garder la valeur du dinar, il faut augmenter la productivité. "La situation en Tunisie sera difficile, durant cette année. Mais ce qui me fait davantage peur c’est la sécheresse qui peut avoir néfaste sur la croissance et l’inflation. Donc, il y a un risqueréel d'une forte baisse de la productivité, notamment dans le secteur agricole. Aussi la demande n’a-t-elle pas changé, alors que l’offre est très faible. Il est vrai que la chute du cours du pétrole va permettre de baisser l’inflation, mais la demande en produits agricoles va compliquer la situation", a-t-il expliqué.
D'après lui, pour réduire ce risque, le gouvernement doit accélérer la réalisation des stations de dessalement de l’eau de mer.
Exigences du FMI
Mohamed Souilem a, par ailleurs, déclaré que les 10,3% d’inflation et la levée des subventions, requise par le FMI, risquent d’aggraver la situation. "Nous ne pouvons pas prendre une telle mesure, alors que nous n’avons pas les moyens d’en affronter les risques. Les mesures doivent être adaptées à notre rythme et à nos moyens. Notre marché de change est relativement petit et la politique de change ne peut pas être rigide" a-t-il ajouté.
Et de rappeler que la Tunisie détient un capital humain important qui se régénère et qu'il y avait une orientation pour l’économie du savoir, avant même la révolution. "Cette option reste un choix judicieux. Un coup de pouce reste nécessaire pour régénérer la confiance chez les investisseurs et garantir la stabilité", a-t-il enchéri.
Indépendance de la BCT
Pour Souilem, La BCT ne peut pas tout faire... Sa mission est de garder la stabilité des prix et dans la politique monétaire, elle a des moyens qui se traduisent dans le taux d’intérêt directeur. "L’indépendance de cette structure permet de bloquer l’Etat pour qu’il ne gère pas directement la politique monétaire. Il s’agit d’une ligne rouge… 21 milliards de dinars sont à rembourser, en 2023. L’Etat doit donc maîtriser ses dépenses, tout en trouvant de nouvelles ressources financières», a-t-il conclu.